Hippocrate

Hippocrate, le père de la médecine

 

460 Avant J.-C.

Hippocrate est le plus ancien médecin dont les ouvrages soient venus jusqu’à nous, et pour cette raison, il a été regardé comme le père de la médecine. Il descendait d’Esculape au dix-huitième degré ; et du côté de sa mère Phénarète ou Praxithée, il était allié à Hercule au vingtième. Voici sa généalogie telle que les auteurs l’ont tirée des ouvrages d’Eratosthène, de Phérecyde, d’Apollodore et d’Arius de Tarse.

- Esculape, élève de Chiron, épousa Epione, fille d’Hercule, dont il eut plusieurs enfants de l’un et de l’autre sexe.

- Ses fils, Podalire et Machaon, régnèrent, le premier dans la Carie, et le second dans la Messénie. Les descendants de Podalire furent : Hippoloque, Sastrate I, Dardanus, Cléomyttades I, Crisamis I, Théodore I, Sostrate II, Crisamis II, Cléomyttades II, Théodore II, Sostrate III, Nébrus, Gnosidicus de Cos, Hippocrate I, Héraclide de Cos, le grand Hippocrate.

- Les descendants de Podalire régnèrent dans la Carie jusqu’à Théodore II, sous lequel se fit la fameuse descente des Héraclides qui les chassèrent de l’héritage de leurs pères » et les contraignirent de se retirer à Cos, île voisine de la Carie. Les descendants de Théodore s’illustrèrent dans cette nouvelle patrie, où ils firent la médecine avec beaucoup de succès ; et quoique cette science se soit considérablement perfectionnée entre les mains de Nébrus, de Gnosidicus, d’Hippocrate I, d’Héraclide, on peut assurer qu’aucun d’eux n’eut les talents ni le fonds de savoir d’Hippocrate II. La nature avait accordé à ce grand homme un tempérament si vigoureux, que le travail le plus opiniâtre ne put l’altérer. Il avait d’ailleurs une pénétration et une étendue d’esprit si prodigieuses, que les abîmes des sciences n’avaient rien de trop profond pour lui ; et son amour pour les connaissances de son art allait si loin, qu’il n’y avait rien de si obscur dont il ne pût se promettre de venir à bout par la persévérance dans le travail.
Ce fut dans les beaux jours de la Grèce qu’il naquit dans l’île de Cos, l’une des Cyclades, la première année de la LXXX° olympiade, la cinquième du règne d’Artaxercès Longuemain, roi de Perse, 460 ans l’ère chrétienne. Il fut ainsi le digne contemporain de Socrate, d’Hérodote, de Thucydide et des autres grands hommes qui ont illustré cette patrie des anciens savants. Son grand-père Hippocrate et son père Héraclide n’étaient pas seulement d’habiles médecins, mais des gens versés en toute sorte de littérature. Aussi ne se contentèrent-ils pas de lui apprendre leur art ; ils l’instruisirent encore dans la logique, dans la physique, dans la philosophie naturelle, dans la géométrie et dans l’astronomie. Hippocrate étudia même l’éloquence sous Gorgias le Léontin, le rhéteur le plus célèbre de son temps.

- Quoique l’île de Cos fût très heureusement située, et que les ancêtres d’Hippocrate l’eussent rendue fameuse par l’école de médecine qu’ils y avaient fondées, quoiqu’ils eût ainsi toutes les commodités possibles pour s’initier dans la théorie de son art sans être obligé d’abandonner sa patrie ; cependant, comme les plus grandes villes de la Grèce n’étaient pas fort peuplées, et que d’ailleurs il savait que c’est à l’expérience à perfectionner dans un médecin ce qu’il tient de l’étude, il suivit lui-même le précepte qu’il donne aux autres dans le livre qu’il intitulé La Loi. Il voyagea pendant douze ans dans plusieurs provinces, et il s’y informa de la vertu des simples, ainsi que des expériences et des découvertes qu’on avait faites relativement à la cure des maladies. La Macédoine, la Thrace, la Thessalie, furent les pays qui attirèrent le plus son attention : ce dut dans ces contrées qu’il recueillit la meilleure partie des observations précieuses qui sont contenues dans ses Epidémiques. Galien remarque qu’Hippocrate avait souvent été à Smyrne ; mais il prétend que c’était une autre ville que celle qui porte ce nom dans l’Asie-Mineure. Mercurialis ajoute qu’il avait encore voyagé dans la Scythie, dans la Libye et à Démos. Durant ces voyages, il s’arrêta à Ephèse près du temple de Diane, où il transcrivit et mit en ordre les tables de médecine qu’on y conservait. Il y avait aussi un temple dans l’île de Cos, qui jouissait de la plus grande célébrité sous l’invocation d’Esculape ; notre auteur profita encore des mémoires qu’on y avait déposés, et les connaissances qu’il en tira, lui prêtèrent des lumières dans la composition de ses ouvrages. Il était d’usage alors que les convalescents, en apportant leurs offrandes dans les temples, y fissent enregistrer les remèdes qui les avaient guéris, afin qu’ils pussent servir à d’autres dans une maladie semblable : Hippocrate recueillit soigneusement ces observations, et il en profita pour le bien de l’humanité.

Tout cela contribua beaucoup à sa réputation ; elle fut même poussée à un si haut degré, que la plupart des princes et des rois tentèrent de l’arracher à sa patrie pour le fixer à la cour. Il fut appelé auprès de Perdiccas II, roi de Macédoine, qu’on croyait attaqué de consomption ; mais après l’avoir examiné avec cet œil perçant qui lui faisait distinguer les causes des maladies les plus cachées, il décida que son mal était occasionné par la passion violente dont il brûlait pour Phila, maîtresse de son père, et il décida juste. Artaxerxès lui fit offrir de grosses sommes et des villes entières pour l’engager à passer en Asie au secours de ses provinces et de ses armées que la peste désolait. Et enfin de le décider à entreprendre ce voyage, il ordonna de lui compter d’avance cent talents : mais Hippocrate regarda ces richesses comme le présent d’un ennemi de sa patrie, et l’opprobre éternel  de sa maison s’il les acceptait. Il les rejeta avec cette hauteur qui caractérise si bien sa grande âme, et répondit ainsi au gouverneur de l’Hellespont qui les lui offrait de la part d’Artaxerxès : « Dites à votre maître que je suis assez riche ; que l’honneur ne me permet pas de recevoir ses dons, d’aller en Asie et de secourir les ennemis de la Grèce. » Artaxerxès fut vivement offensé de cette réponse. Il menaça la ville de Cos d’une destruction entière si elle ne lui livrait Hippocrate ; mais ses habitants parurent dans la résolution de s’exposer à toutes sortes d’extrémités, plutôt que de sacrifier leur concitoyen à la colère d’Artaxerxès ; et les menaces de ce prince n’eurent aucune suite.

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