Gratis (Spectacles)

Spectacle gratuit

Ce gratis-là du moins n’a rien de fallacieux, et tient à la lettre ce qu’il promet pour les spectateurs, car le gouvernement se charge d’indemniser les directeurs de théâtre pour ces représentations gratuites : il leur alloue ordinairement, en pareil cas, le montant d’une recette calculée au maximum. Dans l’ancien régime, les spectacles gratis, offraient un vif attrait au peuple, qui avait peu de théâtres à bon marché. La rareté de ces représentations, qui n’étaient guère données qu’à l’époque de naissance ou de mariage des princes de la famille royale, ajoutait ainsi à leur charme et à leur effet. L’amour-propre de la classe inférieure y était en outre agréablement flatté, en voyant deux de ses corporations ouvrières occuper, dans ces solennités dramatiques, les loges du roi et de la reine. Pendant la révolution, cette vanité avait un autre aliment dans la pompeuse rédaction des affiches, où les représentations gratuites étaient annoncées en gros caractères dans ces termes : Dimanche, pour le peuple. On fait maintenant avec lui moins de façon : quand un modeste gratis par ordre, en caractères ordinaires, l’a convoqué à l’une de ces fêtes de la petite propriété, les places sont au premier occupant ; mais la prudente administration du théâtre a fait fermer d’avance son élégant foyer. C’est principalement vers l’Opéra, dont le haut prix est habituellement moins accessible pour elle, que la foule se dirige dans ces occasions.

 

Spectacles gratis

Représentations offertes au public sans rétribution. Les comédiens auraient tort de croire qu’il faille se négliger, parce qu’ils jouent devant ce qu’on appelle vulgairement le peuple, mais qui n’est cependant qu’une partie du peuple, et qui juge plus sainement qu’on ne pense. On peut juger d’après les représentations gratis que dans tous ces spectacles, ce qu’il y a de bon et de vrai est apprécié et souvent même bien apprécié. On y voit les sentiments généreux, les sentiments nobles, les sentiments nationaux saisis et applaudis avec transport ; et les comédiens sont certainement à même de prendre de bons avis de l’approbation ou de l’improbation de ces spectateurs cependant inaccoutumés à les voir et à les entendre. On vu aussi cette partie du peuple applaudir et siffler avec discernement, et bien juger une pièce nouvelle. On peut même dire que c’est dans ces représentations qu’on doit chercher à connaître positivement l’esprit de la nation ; elles sont plus importantes qu’on ne pense à étudier, pour ceux qui la gouvernent.

Dictionnaire de l’art dramatique A l’usage des artistes et des gens du monde Ch. De Bussy Paris, Achille Faure, 1866


 

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