Grande-Duchesse de Gérolstein (La)

Opéra-bouffe en trois actes et quatre tableaux, paroles de MM. H. Meilhac et Ludovic Halévy, musique de M. Jacques Offenbach, représenté aux Variétés le 12 avril 1867. Cette pièce a obtenu un succès européen. Il semble que c’est ce genre grotesque, absurde, cette dérision de toutes les sommités sociales, cette parodie à outrance, qui va même jusqu’à caricaturer l’art, le chant et l’instrumentation, qui soit l’objet exclusif de la faveur publique. Ces farces attirent non-seulement les spectateurs vulgaires, mais toutes les classes de la société. Les rois, les empereurs, les princes et les vraies princesses, les héritières des plus beaux noms, les femmes réputées pleines de distinction et de délicatesse se sont passé la fantaisie d’assister aux représentations de la Grande-duchesse de Gérolstein, et n’ont pas dissimulé leur enthousiasme.

C’était à l’époque de l’Exposition universelle. Le succès de cette pièce tint du délire. Nous ne pouvons en donner qu’une courte analyse, car le jeu de la scène, les excentricités des acteurs et les hardiesses des actrices ont formé la pièce elle-même bien plus que l’invention du scénario. Cependant, le voici en peu de mots : La grande-duchesse a donné le commandement de ses troupes au général Boum. En passant une revue, elle remarque un soldat de haute et de belle prestance. C’est le soldat Fritz, dont elle fait son favori. Il devient presque en un clin d’œil sergent, comte, général en chef, et il remplace Boum. Une conspiration s’ourdit contre lui, mais il détruit lui-même sa fortune en préférant épouser la petite paysanne Wanda, qu’il aime, plutôt que d’accepter les faveurs que lui offre la grande-duchesse. Fritz est l’objet de mille mystifications pendant la première nuit de ses noces. On lui donne successivement des aubades, des charivaris ; enfin on le force de se mettre à la tête d’une troupe de soldats et d’aller attaquer un château voisin. Là, on le prend pour un galant, et il est roué de coups. Il perd toutes ses dignités. Le baron Grog lui succède un moment : mais, en apprenant que cet homme est marié et père de quatre enfants, la grande-duchesse lui enlève le panache, symbole du commandement, et le rend au général Boum.

On voit donc que, à proprement parler, il n’y a là, ni une pièce intéressante, ni même une comédie bouffonne, pas même une de ces arlequinades que Riccoboni et Romagnesi savaient si bien faire à la fin du siècle dernier. C’est uniquement la représentation, la mimique surtout qui excite l’hilarité des spectateurs. Ce qu'on appelle les cascades des acteurs joue le rôle principal dans les pièces de ce genre. Quand on est si peu délicat dans le choix de ses plaisirs, on a perdu le droit de se montrer difficile pour la partie musicale. Toutes les trompettes de la renommée ont sonné une fanfare en l’honneur du compositeur qui ait, musicalement parlant, assez de valeur pour être détaché du cadre théâtral. Nous nous contenterons de citer les morceaux les plus applaudis à la scène : ce sont, dans le premier acte, les couples du Piff paff, la Chronique de la Gazette de Hollande, les couples du Sabre de mon père, la chanson : Allez, jeunes fillettes, le rondo : Ah ! que j’aime les militaires ; dans le second acte, l’air des billets doux, le récit de la bataille, le duo entre la duchesse et Fritz, le Carillon de ma grand’mère, qui est une sorte de bacchanale échevelée. Dans le troisième acte, les couplets : Tout ça pour que cent ans après ; le quintette : Sortez de ce couloir ; le chœur des conjurés, parodié sur la Bénédiction des poignards des Huguenots ; la Légende du verre, etc. Les acteurs font personnellement trop de frais dans cette pièce pour n’avoir pas partagé les lauriers de M. Offenbach et de ses collaborateurs. C’est, en première ligne, Mlle Schneider qui, dans la deuxième moitié du XIX° siècle, aura joui de la gloire qu’à obtenue Mlle Mars dans la première. Les goûts changent et se ressemblent peu. Ce sont ensuite : Dupuis, Couderc, Grenier, Kopp, Baron, Gardel, Mlles Garait, Legrand, Morosini, Véron et Maucourt.


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