Fresque

Nom féminin
Peinture qui ne s’applique et ne peut s’appliquer que sur des murailles. On y emploie des couleurs détrempées dans de l’eau qui s’incorporent à un enduit de mortier de chaux et de sable dont la muraille est revêtue. Pour que cette incorporation s’opère, il faut que l’enduit soit encore humide ou frais à l’instant où l’on applique la couleur. De là vient le nom de fresque, de l’italien fresco, frais. De cette circonstance résultent le caractère, les beautés et les défauts de la fresque.
Pour que l’enduit ait la fraîcheur nécessaire, il faut n’en dresser chaque jour que la partie que le peintre pourra couvrir dans la journée. Celui-ci doit donc travailler vite et du premier coup. Même par ce moyen, il ne saurait exécuter son tableau que par fragments ; il faut que chaque partie soit entièrement achevée, avant que la partie voisine puisse être seulement tracée ; et une fois que tout est ainsi fait, on ne peut revenir sur rien ; les fautes de dessin, de clair-obscur et d’harmonie sont également irréparables. Or une telle manière de faire n’est praticable que par des artistes très exercés, dont la main et la vue soient également habiles et sûres, et pour des ouvrages susceptibles d’une exécution large et facile, tels que de grands tableaux d’apparat, placés à une certaine distance des yeux du spectateur, comme sont les coupoles, les plafonds, les lambris des voûtes d’une église ou d’un palais.
La fresque a encore sur la peinture à l’huile quelques autres avantages ; les couleurs qu’elle emploie sont plus claires, plus lumineuses ; l’échelle de ses tons est plus élevée. Ces couleurs sont mates, et n’ont pas de reflets luisants qui incommodent et troublent la vue ; elles peuvent être considérées comme inaltérables. La peinture à fresque ne se détériore et ne périt que par la destruction progressive de l’enduit sur lequel elle est appliquée. Bien que cette destruction soit beaucoup moins lente qu’on ne le croit généralement, surtout sous les climats humides, cela ne peut cependant se comparer à l’altération qu’éprouvent les tableaux à l’huile dans l’espace de quelques mois, tout au plus de quelques années.
Toutefois on s’exagère ordinairement beaucoup la prééminence de la fresque. La perfection du dessin d’où résultent l’expression et la beauté, et les finesses du clair-obscur et du coloris qui font l’imitation de la nature, sont portées plus loin par les procédés de la peinture à l’huile que par ceux de la fresque.
Quoi qu’ait pu dire Michel-Ange Buonarroti sur ce sujet, l’invention de la peinture à l’huile, qui, au seizième siècle, pouvait encore passer pour une découverte nouvelle, ne fut point un pas rétrograde de l’art. Mais la fresque est en effet plus propre aux grandes choses, et elle a pour elle l’immense avantage d’avoir été en usage dans le siècle qui a produit les plus beaux génies de la peinture.
Quelques personnes confondent mal à propos, sous le nom de fresque, non seulement les peintures en détrempe à la colle, mais même celles à l’huile, quand elles sont sur des murailles.
Les peintures des temples et des tombeaux égyptiens, et plusieurs de celles qu’on a retrouvées à Herculanum et à Pompéi, sont fort semblables à la fresque ; toutefois cette dernière, telle qu’elle se pratique aujourd’hui, est probablement une invention de l’Italie moderne.
Edouard Rouveyre. Comment apprécier les croquis, esquisses, études, dessins, tableaux, aquarelles, pastels, miniatures. Librairie G. Baranger fils, 1911


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