Frapper les trois coups

Lorsque tout est prêt, que le décor est posé, que les symphonistes sont à l’orchestre, le souffleur dans son trou, chacun à son poste, le régisseur fait faire place au théâtre, et placé derrière le rideau d’avant-scène, certain qu’il peut compter sur le concours de tous, frappe solennellement, avec son lourd bâton, les trois coups que le public attend toujours avec quelque impatience et qui sont le signal du commencement. Dans les temps ordinaires, ce signal n’a d’importance qu’en ce qui touche la bonne allure et la marche régulière du spectacle ; mais lorsqu’il s’agit de la première représentation d’une œuvre considérable, d’une œuvre qui peut être appelée à tenir une place, à marquer une date dans l’histoire de l’art, que d’anxiétés, que de craintes, que d »hésitations, que d’espoirs semblent contenus dans ces trois coups que le régisseur fait résonner à intervalles égaux sur le plancher de la scène. Et pourtant, ce bâton en lui-même est fort insensible, et il agit avec la même indifférence, la même impassibilité, qu’il s’agisse d’Hernani, des Lionnes pauvres, des Huguenots, du Pré aux clercs, ou du dernier des vaudevilles qui sera joué dans dernier des bouibouis par les derniers des comédiens.
Dictionnaire pittoresque et historique du théâtre d'Arthur Pougin, 1885


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