Exode


C’était, avec prologue, l’épisode et le chœur, une des parties de quantité de la tragédie chez les Grecs, qui donnaient ce nom à tout ce qui était dit entre les chants du chœur. Les Latins connurent aussi l’exode, mais sous une autre forme. Voici comment Chamfort, dans son Dictionnaire dramatique, caractérise l’exode en ce qui concerne : Chez les latins, dit-il, c’étaient un poème plus ou moins châtié, accompagné de chants et de danses, et porté sur le théâtre de Rome pour servir de divertissement après la tragédie. Les plaisanteries grossières s’étant changées en art sur le théâtre des Romains, on joua l’Atellane, comme on joue aujourd’hui la pièce comique après la pièce sérieuse. Le mot exode, exodia, signifie issues. Ce nom lui fut donné à l’imitation des Grecs, qui nommaient exodion le dernier chant après la pièce finie. L’acteur était appelé exodiarius, l’exodiaire ; il entrait sur le théâtre à la fin des pièces sérieuses, pour dissiper la tristesse et les larmes qu’excitent les passions de la tragédie, et il jouait cependant la pièce comique avec le même masque et les mêmes habits qu’il avait eus dans la pièce sérieuse. Mais ce qui caractérisait particulièrement l’exode, était la licence et la liberté qu’on avait dans cette pièce d’y jouer, sous le masque, jusqu’aux empereurs même. Cette liberté, qui permettait de tout dire dans les Bacchanales, cette audace de l’ancienne comédie grecque, se trouvait ainsi dans les exodes ; non seulement les exodiaires y contrefaisaient en ridicule, mais ils y représentaient hardiment les vices, les débauches et les crimes des empereurs, sans que ceux-ci osassent ni les empêcher, ni les empereurs laissèrent aux Romains après leur avoir ravi la liberté. Une dame de condition, nommée Mallona, fut accusée d’adultère par l’ordre de Tibère, parce qu’elle n’avait pas voulu répondre à ses desseins honteux. Elle se priva elle-même de la vie après lui avoir reproché son infamie : ce reproche ne manqua pas d’être relevé dans l’exode qui fut chantée à la fin d’une pièce atellane. On sait que Néron, entre autres crimes, avait empoisonné son père et fait noyer sa mère ; le comédien Datus chanta, en grec, à la fin d’une pièce atellane, Adieu mon père, adieu ma mère ; mais en chantant Adieu mon père, il représenta par ses gestes une personne qui boit ; et en chantant adieu ma mère, il imita une personne qui se débat dans l’eau et qui se noyé : ensuite il ajouta : Pluton vous conduit à la mort, en représentant aussi par ses gestes le Sénat, que ce prince avait menacé d’exterminer. Dans ces sortes d’exodes ou de satires, on insérait encore souvent des couplets de chansons répandus dans le public dont on faisait une nouvelle application aux circonstances du temps. L’acteur commençait le premier vers du vaudeville connu, et tous les spectateurs en chantaient la suite sur le même ton. Quelquefois on redemandait, dans une seconde représentation, l’exode qui avait déjà été chantée, et on la faisait rejouer, surtout dans les provinces, où l’on n’en pouvait pas toujours avoir de nouvelles. Les exodes se jouèrent à Rome plus de 550 ans, sans avoir souffert qu’une légère interruption de quelques années.
Dictionnaire pittoresque et historique du théâtre d ‘Arthur Pougin, 1885


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