Douleur et pratiques artistiques

Endormophines et pratiques artistiques


1) Synthèse et libération des endorphines
Les endorphines sont des peptides cérébraux dont les effets sur les cellules ressemblent à ceux des opiacés comme la morphine (d’où le terme d’endomorphine, contraction de morphine endogène). Certaines cellules cérébrales possèdent des récepteurs captant les opiacés, en particulier dans les régions cérébrales associées à la perception de la douleur. Les endorphines se trouvent dans les cellules nerveuses situées à la base de l’hypothalamus et dans les cellules endocrines du lobe antérieur de l’hypophyse. Ces cellules fabriquent un long précurseur peptidique, la propriomélanocortine, à partir de laquelle est produite l’ACTH et une séquence de 91 acides aminés, la β-lipotropine, à partir de laquelle est formée la β-endorphine.
Les endorphines sont des hormones libérées par le cerveau (particulièrement par l’hypothalamus) en cas de stress, en particulier au moment de l’exercice physique où elles peuvent être multipliées jusqu’à 5 fois si l’effort est suffisant en quantité (à 7O % de la fréquence cardiaque maximale) et durée (au moins 20 minutes). Ce sont donc les pratiques artistiques qui nécessite des efforts d’endurance qui sont les plus endorphinogènes comme la danse, le cirque, certains pratiques artistiques de rue mais aussi de cabaret.

2) Effets des endorphines
A coté de l’effet euphorisant et anxiolytique, procurés aussi par d’autres molécules (comme la sérotonine), existe un effet antalgique expliqué par leur ressemblance avec la morphine. Les endorphines agissent en se fixant sur des récepteurs spécifiques bloquant la transmission des signaux douloureux, réduisant la sensation de douleur et élevant le seuil de la douleur. Elles auraient aussi un effet dopant naturel en modifiant les métabolismes et favorisant l’utilisation des corps gras permet d’économiser et de reconstituer les réserves de sucres pour continuer à avancer. Malgré leur ressemblance à la morphine, l’impression de dépendance rapportée par les sportifs n’est pas chimique, puisque les endorphines dispersées dans l’organisme sont rapidement détruites, il ne s’agit que d’une dépendance psychologique.

3) Conséquences
L’effet antalgique des endorphines expliquerait pourquoi le danseur par exemple comme le sportif au cours et au décours de l’effort soutenu supporte si facilement la douleur. Celle-ci a pourtant bien pour but, non pas seulement d’informer, mais d’alerter l’organisme du risque présent et des conséquences sérieuses voire graves si l’effort devait se poursuivre. La diminution du message nociceptif durant l’effort doit donc être géré avec précaution. En effet la sécrétion d’endorphines peut permettre de poursuivre l’activité artistique pour le plaisir du public, mais cela peut mettre en péril l’articulation ou même la carrière de l’artiste. La fracture de fatigue de fin de répétition ou de spectable peut ainsi passer quasiment inapperçue si l’artiste et les personnes qui en assurent le suivi n’y prête attention.

un danger : Ainsi la douleur coronarienne peut passer inaperçue ou supportable au sujet en action, qui prend un risque sérieux de survenue d’infarctus s’il poursuit l’effort, mettant alors en jeu pour le moins ses performances à venir si ce n’est le pronostic vital. Lors de l’effort de longue durée, les endorphines (neurohormones qui semblent jouer le rôle le plus important) vont voir leur taux augmenter considérablement (de 9 à 10 fois par rapport à la normale), au point de pouvoir masquer la survenue de fractures de fatigues chez le danseur terminant un spectacle.

Pieter Jansz QUAST (1606-1647) Le chirurgien de village

Résumé

La douleur, qui témoigne de lésions tissulaires, est une expérience sensorielle et émotionnelle et l’information périphérique doit parvenir au cortex cérébral afin que la sensation devienne perception douloureuse. Le cheminement neuronal passant par moelle et le thalamus ne suffit pas à expliquer toute la richesse des informations vécues par le sujet souffrant. Les fines modulations sont apportées par un grand nombre de sécrétions neuronales à tous les étages et en particulier au niveau de la corne postérieure de moelle où se modulent des informations.
La théorie du portillon : le message douloureux bloque l’interneurone inhibiteur et laisse passer l’information douloureuse (ouvrant le portillon). Le tronc cérébral informé va donner une information descendante bloquant la remonté d’information des autres nocicepteurs.
Les douleurs de la femme varient en fonction du taux d’oestrogènes, fortes en périodes menstruelles et faibles en milieu de cycle au pic oestrogénique. Les neurohormones agissent à tous les étages, en particuliers les morphines endogènes retrouvées dans l’hypothalamus. Les β endorphines sécrétées pendant l’exercice physique et bloquant l’information douloureuse, en particulier au niveau de la moelle, permettent aux danseurs ou aux circassiens de poursuivre son effort sans douleur mais pas sans risque.

Réponse à la problématique 
On retrouve l’existence de neurohormones sur tout le cheminement neuronal de la nociception de la périphérie au cortex. L’action de ces neurohormones est indispensable pour rendre compte de la finesse de la perception algique ;
Cette régulation hormonale explique la variété des situations douloureuses rencontrées par les artistes dans les pratiques physiques endurantes, et les moyens mis en oeuvre pour le soulager. Cependant le rôle d’alerte de la douleur devra être pris en compte.

Ouverture 
Nous avons rapporté l’action antalgique des AINS et de l’Aspirine qui bloquent la fabrication des Prostaglandines (à l’effet hyperalgésiant), mais ces médicaments très efficaces présentent aussi des risques sérieux pour la santé. L’effort sportif suffisamment soutenu produit des morphines endogènes ou endorphines qui vont bloquer la transmission du message douloureux. Lors de l’effet placebo, la prise d’une gélule vide de principe actif chez un sujet souffrant, entraîne un effet antalgique qui est rapporté à une augmentation de la quantité de Β endorphines dans l’organisme. Quelles peuvent être les techniques permettant de soulager la douleur sans induire des effets nocifs ? L’acupuncture ou l’hypnose peuvent-elles répondre à ces espoirs ?

Docteur Didier MARTIN et Déborah Martin pour Médecine des arts
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