Bases neurologiques du jeu des mains du pianiste

Comment le pianiste peut utiliser ses deux mains

Il est possible de répondre aux questions posées, en s’appuyant sur les très nombreux travaux, cliniques ou expérimentaux, publiés sur le sujet dans les dernières années, et aussi grâce aux progrès récents de l’imagerie médicale (IRM fonctionnelle en particulier). A ce propos il convient de dire que l’IRMf a seulement  l’avantage de préciser quelles sont les zones du cortex mises en jeu mais ne peut donner d’indication ni sur la hiérarchie de celles-ci ni sur l’effet inhibiteur ou excitant des influx.

Corps calleux
1. Splenium, 2. Tronc, 3. Genou, 4. Rostrum

Première question : Peut-on comprendre comment le pianiste peut utiliser ses deux mains ?

Il faut insister sur le rôle physiologique des commissures interhémisphériques : principalement le rôle du corps calleux, les autres commissures (trigone ou fornix et commissure blanche antérieure) n’ont pas la même fonction.

Le corps calleux (CC)

C'est la commissure la plus importante anatomiquement et fonctionnellement.
Il s’étend transversalement entre les deux hémisphères et il est visible au fond des scissures interhémisphériques, dominant la cavité du troisième ventricule. Il présente, dans une section sagittale médiane, une forme aplatie, plus ou moins épaisse qui ressemble à un anneau ouvert en bas.

corps calleuxIl correspond

  • aux trois-quarts à des fibres axonales cortico-corticales unissant des aires hémisphériques des deux côtés le plus souvent homotopiques (Cf Infra) (et il est important de se rappeler ce fait).
    On lui décrit, d’avant en arrière, un bec antérieur effilé en pointe ou rostre orienté vers l’arrière et le bas, puis une plicature ou genou, un corps ou isthme et enfin un bourrelet postérieur ou splenium.
    Grâce à l’IMR fonctionnelle dite de diffusion ou IRM-DTI [1], on a pu distinguer l’existence d’un certain nombre de faisceaux axonaux transversaux dans les portions décrites du corps calleux, lequel s’avère donc hétérogène.
    La « tractographie »[2] donne une image reconstruite et virtuelle de ces faisceaux. Quand elle est associée à l’IRM-DTI il est possible de les suivre de bout en bout, sans pour autant savoir exactement quels types d’influx nerveux ils transportent (excitateurs ou inhibiteurs) dans un sens ou dans l’autre  : on l’a vu, ces fibres sont « homotopiques » allant d’une aire à une autre semblable de l’autre côté :
    Ainsi, d’avant en arrière, ce sont les fibres unissant les zones préfrontales qui passent par le rostre et le genou, en particulier celles correspondant aux aires prémotrices de chaque côté. En arrière ce sont les fibres reliant les cortex occipitaux qui passent par le splenium et enfin les fibres réunissant les lobes temporaux et pariétaux cheminent transversalement dans les deux tiers postérieurs du corps calleux.
  • le quart restant des fibres du corps calleux ont des connexions hétéro-topiques dont un fort pourcentage irait au cortex limbique de chaque côté. Ces fibres peuvent subir des croisements difficiles à mettre en évidence sur les clichés.

L’imagerie DTI permet, de surcroit, de constater le degré de maturation des fibres axonales qui constituent le corps calleux et en particulier leur degré de myélinisation. Cette dernière débute dès la naissance et se poursuit très tard jusqu’à environ vingt ans. Elle autoriserait une plus grande vitesse de transmission des informations.
D’après certains auteurs, l’augmentation du diamètre des axones (due à leur myélinisation) est correlée avec le nombre d’heures de pratique d’un musicien et serait donc fonction des heures dévolues à l’ apprentissage.
Le corps calleux d’un musicien est en règle plus développé que normalement (quand il s’agit d’un grand virtuose on évoque le chiffre de 20 % en plus).

Le corps calleux étant une voie de passage entre les deux hémisphères, il faut se reporter aux fonctions de chacun de ceux-ci pour savoir comment la transmission se fait et quelle est l’influence d’un côté sur l’autre.

Si, a priori on ne peut donc parler d’un rôle propre du corps calleux en tant qu’entité fonctionnelle, il est possible avec R. D. FIELD, à la lumière de travaux d’imagerie récents, ainsi que d’études cellulaires et moléculaires, de constater qu’il existe une sorte de plasticité de la matière blanche (dont fait partie le corps calleux). Cette plasticité pourrait jouer un rôle dans l’apprentissage et modifierait la qualité du transfert de l’information en raison de l’augmentation en nombre des oligodendrocytes qui entourent les axones et qui produisent la myéline.

Pour conclure cette étude du corps calleux, il faut dire que statistiquement il n’y a pas de différence évidente liée au sexe de « l’individu », mais que sa taille est variable selon la latéralité : il est plus développé chez les gauchers et plus petit chez les droitiers (qui représentent les 2/3 des êtres humains).

 

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