Arthrose de la hanche chez le danseur et la danseuse

Physiopathologie de la coxarthrose chez le danseur

Le rôle des microtraumatismes dans la survenue de la coxarthrose chez le danseur

Chez le danseur et la danseuse, l’articulation coxo-fémorale est soumise constamment à une accentuation des pressions du fait par exemple de l’intense travail musculaire, des tensions répétées et des efforts extrêmes sur de longues durées. La pression musculaire permanente due au tonus musculaire normal peut être multipliée par 10 lors de certains "gestes" dansés ; cette pression peut être bien plus importante.

L’usage intensif de cet ensemble locomoteur, qui doit porter, tirer, sauter crée des microtraumatismes multiples et répétés dans des points précis de l’articulation. La pratique de la danse est génératrice de microtraumatismes multiples, chocs tangentiels par frottement ou perpendiculaires par micro-percussion entraînent des microlésions au niveau des capsules, tendons, cartilages, os et ligaments. Ce surmenage ostéo-articulaire est susceptible de générer de micro-lésions (atteinte chondrocytaire), progressivement extensives et usantes, avec pulvérisations intra-articulaires, capables d’être les « germes » initiaux de nodules ostéocartilagineux, également lésants »

A ces microtraumatismes peuvent s’ajouter des traumatismes plus violents, des chutes, des contusions.

L’essentiel du retentissement est surtout d’origine microtraumatique. Ces mécanismes d’arthrose ont été particulièrement étudiés dans les disciplines sportives (les sports les plus défavorables pour la hanche sont le football, le rugby, la danse, le judo). Il existe donc une certaine spécialisation pathologique des sports (rôle des sauts, des pressions asymétriques, des changements de direction subits, etc…)

  • « L’atteinte de l’arthrose de la hanche ne diffère pas, d’après Thiescé, chez le danseur et chez la danseuse. De même, cette atteinte n’est pas plus fréquente à la hanche droite qu’à la hanche gauche.
  • 81 % des danseurs coxarthrosiques ont une atteinte bilatérale, alors qu’elle n’est que 46,8 % dans la population générale. Serre (57) montre aussi que la bilatéralité se rencontre plus souvent dans les coxarthroses primitives que dans les coxarthroses secondaires à la malformation subluxante (46,7 % contre 44,9 %). Cela prouve bien, d’après Thiescé, que l’atteinte bilatérale des danseurs ne provient pas de la grande fréquence des dysplasies, mais peut-être de leur activité physique même.
  • 71 % des arthroses surviennent sur des hanches ayant une malformation subluxante congénitale. A noter : ces malformations sont très différenciées selon le genre, retrouvées chez 86,7 % des femmes et chez 43,7% des hommes. Cette prépondérance féminine des coxarthroses sur dysplasie fait que Thiescé se « demande » si l’incidence de la malformation luxante sur la mobilité articulaire ne serait pas telle qu’elle favoriserait l’entrée dans les carrières de danse des jeunes filles. Les critères de sélection ne sont en effet pas les mêmes chez les garçons : la souplesse articulaire est une nécessité chez les filles, alors qu’elle n’est qu’un avantage parmi d’autres chez les garçons.
  • La moyenne d’âge de survenue des premiers signes fonctionnels ne diffère pas selon le sexe, cette moyenne est de 44,9 ans.
  • Le délai moyen entre le début clinique fonctionnel et la chirurgie réparatrice est de 8,8 ans. L’âge moyen d’implantation d’une prothèse totale de hanche est de 54,5 ans.
  • 73 % des pincements articulaires débutent dans la partie supéro-externe de l’interligne articulaire, 15 % au pôle supérieur, 12 % au pôle interne.
  • 45,4 % des arthroses observées présentent comme caractéristiques l’existence d’une ou plusieurs géodes dans la zone portante condensée de l’os sous-chondral. Les réactions ostéophytiques ne présentent aucune particularité.
  • La raideur articulaire semble être d’apparition tardive par rapport à la douleur.
  • Certaines positions et certains mouvements engendrent la douleur :
    • élévation et maintien du membre inférieur en seconde ;
    • grands arrondis,
    • sauts ;
    • appuis monopodaux prolongés ».

Qu’en est-il des conséquences de la dysplasie présente chez de nombreuses danseuses, notamment sur la survenue de la coxarthrose ?

« Les résultats d’une seconde étude, effectuée sur des adolescents (9 à 20 ans) pratiquant la danse classique dans un but professionnel, montrent la nette tendance dysplasique de leurs hanches (21) :

  • angle moyen de couverture externe (VCE) de 22° (n=171), sans variation avec l’âge ;
  • angle moyen cervico-diaphysaire de 132,5° (n=169)
  • L’angle de couverture externe mesuré chez ces adolescents (22°) est donc inférieur à celui établi dans une population témoin ; VCE moyen de 25°, entre 9 et 12 ans ; VCE moyen de 26° à 30°, entre 13 et 20 ans (19). Ce défaut de couverture favorise la mobilité de l’articulation coxo-fémorale, en particulier dans le sens de l’abduction, sans que l’on puisse dire s’il s’agit d’un facteur naturel de sélection des jeunes danseurs ou de la conséquence d’exercices intensifs d’assouplissement pendant les premières années. Mais ces mêmes défauts expliquent aussi, en partie, la fréquence de la coxarthrose du danseur (et notamment des danseuses), car celle-ci lui est secondaire dans 80 % des cas examinés, dont 54,3 % de vraies dysplasies, alors que la fourchette des pourcentages relevés dans la population générale est nettement inférieure : 26 à 40 % [Thiescé A. La hanche du danseur. Thèse de médecine 1987].
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