Andrevetan (Claude-François)

Andrevetan peut s'embarquer

Enfin, Andrevetan peut s’embarquer ; il arrive à Besançon. Cette fois, du moins, on va le laisser tranquille, et lui permettre de rejoindre sans encombre sa maisonnette et ses champs… Eh bien, non ! La fatalité s’en mêle. Touriste et désoeuvré, il gravit un rempart ; une vigie l’aperçoit, donne l’alarme ; le poste sort ; cinq ou sept miliciens empoignent le disciple d’Eusculape, et le mènent au poste. On retourne ses poches, on sonde ses habits. Rien… Mais fait observer judicieusement le caporal, à votre âge, on a les cheveux gris … Bien sûr que vous êtes « un déguisé », et que vous vous êtes fait teindre :

« Ce qu’un chimiste a fait un autre le défait ;
Allons voir si son art constatera le fait. »
On croit mon passeport être celui d’un frère.
-    Pourquoi pas, ai-je, celui de mon grand-père ?
On m’a vu, soutient l’un, esquisser au crayon
Fossé, glacis, redan, escarpe et bastion.
En vain sur ma tablette on en cherche l’image.
Du commissariat on me conduit au chef ;
On y compte ma bourse, où je dirai qu’en somme,
De quatorze cents francs restait encor la somme.


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Après cet examen à la maison commune,
A mon hôtel me mène un corps milicien,
Autour de moi marchant un policien,
Ecartant la foule aux menaces criardes.
De ma valise on fouille et l’on sonde les hardes.
Aucun corps de délit ne s’y découvre.

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De rechef on m’emmène au commissariat,
Ou des fouilles on fait rapport au magistrat.
On lui remet un livre, à l’état de brochure,
Au dos duquel son œil lit la nomenclature
De mes œuvres en vers, écrites en français,
De mètres renfermant trente mille à peu près,
Il lit même du texte une page. Ni Goethe,
Ni de la Germanie aucun autre poète
N’eût en ma langue écrit aussi correctement.
Et rien ne s’y trouva de l’idiome allemand.

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Pendant qu’on délibère
Si je serai jugé par un conseil de guerre,
Dans la ville on promène et montre mon portrait,
De Daguerre et de Niepce par un élève fait.
Nosnoblet, d’Arenthon, s’y trouvant de passage,
Du prétendu Prussien à l’aspect de l’image :
« Oh ! c’est, dit-il surpris, monsieur Andrevetan,
Mon docteur à La Roche, et j’en suis très content. »

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Et d’un procès-verbal sans la formalité,
Je quitte Besançon, remis en liberté.

Notes

Voici la liste complète, nous le croyons du moins, des ouvrages poétiques du docteur Andrevetan :
1. Code moral du médecin, poème en six chants. Paris chez l’auteur, rue Basse du Rempart, 44 ; 1842 ; in-8° de 243 pages.
Code moral du médecin, chants VII, VIII, IX et X. Paris, 1867 ; in-8.
C’est, comme on le voit, la continuation du même sujet. La pagination s’y continue même (de 244 à 358), de manière à ce que les deux fascicules puissent être reliés ensemble.

2. La Savoie poétique, poème en six chants, 1845, in-12 ;
3. Le Lac d’Annecy ; ses environs, et les hommes célèbres qui l’ont illustré. Bonneville, 1862 ; in-12 de 71 pages.
4. Odes sur l’affranchissement de l’Italie.
5. Les Possédées de Morzine, drame pastoral en deux actes. Genève, 1861 ; in-12 de 32 pages.
6. La Sainte de Magland, ou l’Hypocrisie sacrilège, drame villageois en trois actes. Bonneville, 1862 ; in-12 de 71 pages.
7. Lamentations sur l’état déplorable de la civilisation en Savoie.
8. Fêtes de musiques et d’orphéons en Savoie, poème narratif, descriptif et lyrique.
9. La Décoromanie, pentalogie dialoguée en vers.
10. Le  Triomphe de l’amitié, drame en cinq actes et en vers.
11. Le Mariage de réconciliation par dépit, comédie en trois actes et en prose.
12. L’Hôtelier vampire, comédie en deux actes et en vers.
13. Le Médecin disciple, rival de son maître, comédie en trois actes et en prose.
14. La Maistriade, ou vie, œuvres de J. de Maistre, et réfutation de sa doctrine, poème en IV chants.
15. Décentralisation littéraire, poème en III chants.
16. Le Dante en miniature : l’Enfer, le Purgatoire, le Paradis ; poème en III chants.
17. L’exposition universelle de 1867, poème en I chant.
18. Eglogues, Idylles et Arcachon, poème en IV chants. Genève, 1872 ; un vol. in-8° de 324 pages.


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