Absence de plaisir à l'écoute de la musique, ou anhédonie à la musique

Anhédonie à la musique, quel est le fonctionnement du cerveau ?

anhédonie musique

 

 

 

Résumé

L'anhédonie pour la musique est l’incapacité de ressentir de manière agréable l’écoute de la musique. Elle affecte 3 à 5 % des individus. Des recherches scientifiques montrent que les sujets atteints ont une connectivité fonctionnelle réduite entre les régions corticales responsables du traitement des informations auditives et les régions liées au système de récompense. Cette recherche permet une meilleure compréhension d'une part des troubles liés à l’anhédonie dans d’autres domaines spécifiques et  d’autre part, dans une perspective évolutionniste, pour appréhender la manière dont l’écoute de la musique est devenue un stimulus positif dans les circuits neuronaux de récompense.


La musique est présente dans toutes les cultures et revêt une grande importance sociale. Pourtant 3 à 5 % de la population n’éprouve aucun plaisir à l’écoute de la musique. Cette incapacité à ressentir comme agréable l’écoute de la musique se nomme l’anhédonie à la musique.

L'anhédonie est l'incapacité à éprouver du plaisir, et l'anhédonie pour la musique se réfère spécifiquement à l'incapacité de prendre du plaisir à écouter de la musique. Cette incapacité est différente de la notion de l'amusie, qui est l'incapacité à percevoir la musique. Dans l'anhédonie, les personnes peuvent comprendre complètement ce qu'elles entendent, mais elles ne ressentent pas d'émotion dans l'écoute de la musique.

Pour étudier cette incapacité à éprouver du plaisir à l’écoute de la musique, une équipe de chercheurs a recruté 45 personnes en bonne santé.
En fonction de leur sensibilité à la musique établie sur la base d’un questionnaire, le groupe a été subdivisé en 3 groupes. Chaque sujet a ensuite été testé. L’expérience consistait à écouter des extraits musicaux tandis que le sujet passait un examen d’IRMf (imagerie fonctionnelle magnétique fonctionnelle). Chacun d’eux devait évaluer en temps réel le plaisir ressenti à l’écoute des extraits de musique.

Pour vérifier l’intégrité des circuits neuronaux dédiés à la sensation de plaisir, les chercheurs ont également testé la sensation de plaisir et le circuit de récompense dans d’autres domaines que l’écoute de la musique. Les participants ont été évalués sur des tâches consistant à des jeux d’argent où ils pouvaient perdre ou gagner réellement de l’argent.

Les données de l’IRMf ont permis aux chercheurs de constater que les sujets adhédoniques présentaient alors qu’ils écoutaient de la musique une réduction de l’activité du noyau accumbens, une zone cérébrale représentant une zone pivot du circuit de récompense. Cette activité réduite n’est pas liée à un mauvais fonctionnement du noyau accumbens lui-même puisque ces zones sont correctement activées lorsque ces mêmes personnes sont soumises à des stimuli différents de la musique, tels que les jeux d’argent.

Le noyau accumbens joue un rôle central dans le circuit de récompense. Le noyau accumbens (nucleus accumbens septi) est un ensemble de neurones situés à l'intérieur de la zone corticale prosencéphalique.
Deux neurotransmetteurs jouent un rôle majeur, la dopamine qui favorise l'envie et le désir, la sérotonine qui agit sur la sensation de satiété et qui joue un rôle inhibiteur.
Le noyau accumbens entretient des relations étroites avec d'autres structures cérébrales impliquées dans le mécanisme du plaisir. Dans ces structures, l'aire tegmentale ventrale, le cortex préfrontal, le locus coeruleus et le système limbique sont particulièrement impliqués dans ces mécanismes du plaisir.
Ce circuit de récompense joue un rôle dans les phénomènes d'addiction. Sur un autre plan, ce circuit intervient aussi dans le plaisir pour écouter la musique.

L'absence de plaisir pour écouter la musique ou adhénonie pour la musique pourrait être lié à un dysfonctionnement dans le circuit de la récompense dans lequel intervient le noyau accumbens.
Alors que les sujets anhédoniques pour la musique montrent une connectivité fonctionnelle réduite entre les régions corticales associées au traitement de l’audition et le nucléus accumbens, les individus avec une haute sensibilité pour la musique montrent une connectivité améliorée.
Pour les chercheurs impliqués dans cette étude, le fait que certains sujets pourraient être insensibles à la musique alors qu’ils restent sensibles à d’autres stimuli comme les jeux d’argent suggère qu’il existe différentes voies neuronales correspondant à des stimuli différents.

Ces travaux ouvrent la voie à de nouvelles recherches, d’une part pour mieux comprendre les substrats neuronaux sous-jacents à d’autres types d’anhédonies spécifiques et d’autre part, sur un plan de l’évolution, pour appréhender comment la musique a acquis la valeur de récompense et est vécue comme source de plaisir pour 95 à 97 % des personnes qui écoutent de la musique.

rédacteur : Docteur Arcier, fondateur de Médecine des Arts
Médecine des arts® est une marque déposée. Copyright médecine des arts©

Source

Martínez-Molina, N., Mas-Herrero, E., Rodríguez-Fornells, A., Zatorre, R. J., & Marco-Pallarés, J. Neural correlates of specific musical anhedonia. Proceedings of the National Academy of Sciences, October, 2016.


 

Imprimer

Association

Faire un don
Adhérer