A ma sœur, Milan 3 mars 1770

Théâtre de la Scala de Milan

Milan 3 mars 1770

Cara Sorella Mia,

Je me réjouis du fond du cœur que tu te sois tant amusée. Mais tu crois, peut-être que je ne me suis pas amusé moi ? Oh ! que si ! Je ne puis compter combien de fois, mais je crois vraiment que nous avons été six ou sept fois à l’opéra, et ensuite au bal qui commence après l’opéra, comme à Vienne, sauf cette différence qu’à Vienne la danse se passe avec plus d’ordre. Nous avons aussi la facchinata et la chiccherata. La facchinata est une mascarade très belle à voir parce que beaucoup de gens se costument en facchini ou en garçons d’auberge. Il y avait une barque remplie de monde, mais aussi beaucoup de personnes à pied ; et puis 4 à 6 orchestres de trompettes et de timbales, et aussi quelques orchestres de violons et d’autres instruments. La chiccherata est aussi une mascarade. Les Milanais appellent chicchere ceux que nous nommons petits maîtres, ou éventés. Ils étaient tous à cheval. C’était très joli.

Je suis aussi content maintenant d’apprendre que M. de Aman aille mieux, que j’avais été affligé en entendant dire qu’il lui était arrivé malheur. – Quel travestissement portait Mme Rosa ? et M. de Mölk ? et M. de Schiedenhofen ? Je t’en prie, écris-moi, si tu le sais ; tu me feras un très grand plaisir. Aujourd’hui nous sommes invités chez l’intendant du comte Firmian, pour lui présenter nos devoirs avant de partir : ça va être des papotages ! Addio, porte-toi bien. A la prochaine poste je t’enverrai encore une lettre de Milan. Je suis, etc…

W.M.
Baise pour moi les mains de maman (etc.).

Imprimer

Association

Faire un don
Adhérer