Apprendre pour aimer la musique

Aimer la musique, cela s'apprend

Pourquoi certaines musiques nous touchent-elles tandis que d’autres nous sont indifférentes ou parfois même sont ressenties comme un bruit désagréable ?

Des chercheurs se sont posés cette question. Ils attribuent la quantité de plaisir musical au nombre de dissonances que nous percevons, au degré de rudesse perçu, au caractère désagréable ou la difficulté d’écouter tels sons.
Ils ont testé deux groupes d’auditeurs plus ou moins expérimentés en musique ; il s’agissait d’une part d’élèves de conservatoire et d’autre part un public issu de la population générale. Les chercheurs leur ont fait écouter des sons purs et des accords variés afin de déterminer si ces auditeurs trouvaient ces combinaisons familières et agréables. Ils devaient évaluer sur une échelle de cinq niveaux la dissonance perçue, le caractère familier de ces sons, le plaisir perçu.
De manière certes prévisible les musiciens entraînés étaient plus sensibles à la dissonance que les auditeurs non entraînés à l’écoute musicale. Pour distinguer la combinaison des notes, les auditeurs devaient être familiers avec les sons composants ces combinaisons. Lorsque cette capacité faisait défaut, les auditeurs trouvaient que ces combinaisons étaient dissonantes et pas agréables. Cette capacité d’identifier les tonalités et ainsi apprécier les harmonies était corrélée positivement à l’entraînement, la formation des auditeurs.
Ces résultats remettent en question les théories usuelles, selon lesquelles les propriétés physiques du son déterminent ce que nous trouvons attrayant.

Ceci montre que même la capacité à entendre une note de musique (ou la hauteur) est apprise.

Ces résultats suggèrent que nous pouvons apprendre à mieux apprécier la musique.
En effet, d’une part les musiciens entraînés sont beaucoup plus sensibles à la dissonance que les non-musiciens, d’autre part les musiciens qui sont dans l’incapacité de trouver les notes de ces combinaisons perçoivent ces sons comme désagréables tandis que les non-musiciens restent insensibles à cette écoute. Ces résultats mettent en lumière selon Wilson « l’importance de l’entraînement du cerveau pour apprécier des variations particulières de combinaisons de sons comme celles que l’on trouve dans le jazz ou le rock ».
Afin de confirmer ces premiers résultats, les chercheurs ont complété cette étude en testant un échantillon de 19 non-musiciens en les entraînant à identifier les hauteurs d’une sélection aléatoire d’accords issus de la musique « occidentale ». Dix sessions plus tard, les participants étaient plus en capacité de distinguer les notes. Ils rapportaient aussi qu’ils trouvaient que les accords qu’ils entendaient étaient moins dissonants, dans la mesure où ils correspondaient à leur apprentissage et qu’ils leur paraissaient plus agréables indépendamment de leur harmonie propre. « Ainsi, dit le Pr McLachlan, si vous pensez que la musique de quelque culture qui soit (ou le jazz) ressemble plus à des miaulements de chats qu’à autre chose, c’est simplement parce que vous n’avez pas appris à l’écouter selon ses propres règles ». [1]
Cela renverse les siècles de théories sur la manière dont nous apprécions la musique, qui reposaient sur les propriétés physiques du son et l’aptitude innée de percevoir l’harmonie, nous permettant de déterminer que telle ou telle musique est attrayante.
Les codes appris de la musique occidentale traditionnelle nous apportent un goût pour ce type de musique qui nous paraît quasi naturelle, du moins pour les personnes averties, mais cela ne l’est pas. Cette étude confirme l’importance de la culture musicale pour aimer et apprécier la musique et la juger agréable. Ne pas aimer, c’est souvent ne pas connaître.
Ainsi pourrait-on dire : « On aime ce que l’on connaît et pour aimer ce que l’on ne connaît pas, il faut apprendre » (dans le sens d’éduquer, de s’imprégner). Ceci pourrait être inscrit au fronton des écoles et conservatoires.

Docteur Arcier André, président fondateur de Médecine des arts®
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Bibliographie

[1] Consonance and Pitch. McLachlan, Neil ; Marco, David ; Light, Maria ; Wilson, Sarah. Journal of Experimental Psychology : General, 2013.


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