Accidents dans les entreprises du spectacle

Accidents sous estimés dans les entreprises du spectacle

Des risques d’accident de travail et maladies professionnelles sous-estimés

Les risques dans les pratiques artistiques sont en général sous-estimés, plus encore dans le spectacle vivant où la « prise de risque » est parfois intégrée à tort à la notion artistique, à la scène. Pourtant de nombreux accidents de travail, de nombreuses maladies professionnelles (sous-déclarés) surviennent chez les artistes, et compromettent pour une durée plus ou moins longue leur pratique et parfois définitivement.
La notion de sécurité intégrée doit se substituer à celle du risque toléré et non mesuré. Un engagement plus sensible doit s’engager au sein des structures d’enseignement chez les enseignants et les élèves, plus tard chez les professionnels, mais aussi les amateurs. La formation est un facteur essentiel à cette sensibilisation à l’élimination ou/et la gestion du risque dans les pratiques artistiques.

Les chiffres d’accidents de travail et de maladies professionnelles

René Magritte,
Les Marches de l’été, 1938

Les entreprises du spectacle regroupent deux types d’organisation de travail : d’une part, le groupe « Création, édition, fabrication, diffusion de supports audiovisuels » à l’intérieur duquel on trouve les artistes dans l’ensemble des activités, et d’autre part le groupe intitulé « Services annexes des spectacles ». Cet ensemble d’entreprises compte 207 634 salariés.
La dernière étude statistique sur la sécurité met en évidence qu’en 2006, il y a eu 1737 accidents avec arrêt. L’indice de fréquence est de 8,37 accidents avec un taux de gravité de 0,49. Ces niveaux de fréquence et de gravité paraissent nettement plus faibles que les taux retrouvés dans la population générale, qui sont de 25,7 pour l’indice et de 1,27 pour la gravité (en 2006).
Les accidents avec arrêt ont entrainé 96 126 journées perdues (Incapacité temporaire de travailler) et, de plus, 158 accidents ont généré une incapacité permanente et 5 décès.
Cette accidentabilité, au-delà de la souffrance, de lourds handicaps et de décè, a coûté 14,7 millions d’euros. Dans ce registre, il est à noter que 56 % de sommes sont imputables aux artistes par rapport aux autres professions périphériques dans le domaine artistique (services annexes du spectacle).
En 2006, ont été enregistrées 28 maladies professionnelles reconnues, dont 27 affections péri-articulaires (troubles musculo-squelettiques, TMS, tableau 57) et une surdité (tableau 42).

Répartition des accidents

 

Accident de plain-pied 22,8%
Chutes de hauteur 12,7%
Manutentions manuelles 20,2%
Véhicules 5,1%
Masses en mouvement 3,3%
Outils 2,0%
Machines 1,2%
Causes diverses 31%

Zones anatomiques accidentées

 

membres inférieurs 31,7 %
tronc 17,6 %
mains 11,6 %
membres supérieurs 10,5 %
pieds 11,6 %
tête 4,1 %
localisations multiples 12,6 %

Lésions

 

contusions 25,2 %
douleurs lumbagos 21,4 %
fractures 8, %
plaies 7,8 %
déchirures 4,3 %

Une collecte des accidents et maladies plus larges pour une prévention plus efficace


Notre expérience personnelle, qui aujourd’hui se déploie sur toute la France avec de nombreux correspondants, les milliers de mails que nous recevons, les consultations médicales pour les artistes musiciens en particulier que nous avons mises en place, nous donnent à penser que dans le domaine des maladies professionnelles leur nombre est très largement sous-estimé.
Par ailleurs, il serait très important de sensibiliser tous les acteurs pour qu’au-delà des maladies professionnelles, les maladies à caractère professionnel soient déclarées afin de faire avancer la législation dans ce domaine (dystonie de fonction du musicien, par exemple).
De même, les accidents de travail de faible gravité sont peu déclarés, le statut d’intermittent ne favorisant pas ce type de déclaration. Il serait judicieux de faciliter la déclaration des accidents dans ce milieu. De répertorier les accidents bénins afin de donner plus de pertinence aux actions de prévention.
De notables efforts dans le champ préventif sont nécessaires ; cela passe par une meilleure connaissance du milieu et une collecte plus précise des informations sur la santé et la sécurité par des moyens plus pertinents que ce qui se fait actuellement.

mots clés : spectacle, accident, maladie professionnelle, épidémiologie, artiste (intermittent du spectacle, musicien, danseur, chanteur, circassien.)

Rédacteur. Docteur Arcier, président fondateur de Médecine des arts®
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Bibliographie

Revue Travail et Sécurité, février, 2009.


 

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