Quand la musique ne nous aide pas !

Musique de fond et apprentissage

Mémoire et musique de fond
Musique de fond et mémoire associative

Certains d’entre nous écoutent de la musique pour se détendre, d’autres pour se concentrer. Qui n’a pas vu un adolescent préparer ses examens « en musique », un baladeur sur les oreilles. La musique et le bruit font partie de notre environnement quotidien ; même dans les situations les plus banales, la musique est souvent présente, mais nous savons peu de choses sur l’effet de la musique sur le fonctionnement cognitif lors d’une tâche concurrente et les différences liées à l’âge. Jeunes et moins jeunes ont-ils les mêmes capacités pour mener de front l’écoute de la musique et une tâche.

Une expérience récente [1] était mise en place afin d’étudier l’impact d’une musique de fond sur une tâche d’apprentissage.

Les chercheurs ont voulu tester les effets de la musique et des bruits de fond sur la mémoire associative qui s’appuyait sur la capacité de lier et de se souvenir des visages et des noms.

Il s’agissait de mesurer les performances mémorielles de sujets constitués de sujets jeunes et de sujets âgés tandis qu’ils étaient exposés à de la musique ou placés dans le silence. Dans une première phase de l’expérience, on présentait des visages auxquels étaient associés des prénoms, dans une deuxième phase quelques minutes plus tard les sujets devaient se souvenir de cette association et repérer les paires présentées qui ne correspondaient pas à l'association exacte visage/prénom. L’expérience était donc menée soit avec de la musique, soit dans le silence. Il était par ailleurs demandé aux participants de faire une évaluation subjective de l’aspect dérangeant de chaque musique et chanson présentée.

Les sujets jeunes comme les sujets âgés sont perturbés par la musique, mais seuls les sujets jeunes restent performants

L’ensemble des sujets, jeunes et moins jeunes, s’accordaient pour exprimer que les musiques étaient dérangeantes pour exécuter la tâche. Mais ils se différenciaient dans les résultats concrets aux épreuves de performance. Les jeunes n’avaient aucune difficulté à se souvenir de l’appariage des prénoms et des visages, et la musique de fond n’avait pas d’incidence sur leur performance. Les sujets adultes plus âgés par contre voyaient leur performance diminuer de 10 % lors de l’écoute de la musique par rapport à un environnement silencieux.

Images de gauche. Study : "Does this name suit the faces?"
Images de droite. Test : "Were these paired at study?"

A sample of face and names for participants. Participants were first asked if the name
looked like the face. They were later asked if the face-name combinations were the same

Pour Sarah Reave qui a conduit cette étude, les personnages âgées éprouvent des difficultés à ignorer les bruits inutiles et à se concentrer.

Les chercheurs expliquent cela par « l’effet cocktail » phénomène bien connu, qui permet à une personne de concentrer son attention sur une conversation donnée alors qu’elle est entourée par une ambiance sonore faite de bruits et de conversations multiples.

Effet cocktail
Lors d’un coktail à l’occasion du vernissage d’une exposition artistique, vous discutez avec quelques amis de rencontre. Autour de vous il y a un brouhaha terrible, un bruit de fond fait de musique et de discussions multiples. Pourtant vous arrivez à suivre la conversation avec vos amis (sauf si vous commencez à être sourd – le fait de ne pas entendre ou suivre une conversation, ou très mal dans un environnement bruyant, se nomme l’effet cocktail, c’est un des premiers signes de surdité !). Notre cerveau est capable de traiter les bruits perçus afin de nous permettre de suivre une conversation malgré un bruit de fond. Dans cette expérience, il s’agit également de notre capacité d'inhiber certains stimuli et de focaliser notre attention sur une tâche à réaliser. Chez les sujets âgés, cette capacité est plus limitée.

La mémoire associative diminue également avec l’âge. Il est plus difficile de se rappeler un nom associé à un visage par exemple. Pour Sarah Reave, ces résultats peuvent avoir plusieurs applications, par exemple dans les centres de soins et maisons pour personnes âgées, le personnel devrait s’abstenir de mettre de la musique lors de tâches à exécuter, notamment d’apprentissage ou de tâche avec consignes (travail manuel, ergothérapeutique, kinésithérapie, etc.), car la musique impose un effort cognitif supplémentaire, pour que le sujet se concentre sur la tâche.

De la même manière, Sarah Reave ajoute que les personnes d’un certain âge qui désirent discuter entres elles devraient plus volontiers le faire dans des lieux calmes et peu bruyants. Plus simplement alors que vous conduisez une voiture et que vous cherchez à vous repérer, éteindre la radio va faciliter la tâche.

Suivant votre âge, vous savez ce qu'il vous reste à faire !

Rédacteur Docteur A. Arcier, président fondateur de Médecine des arts®
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Bibliographie

[1] S. Reaves, B. Graham, J. Grahn, P. Rabannifard, A. Duarte. Turn Off the Music! Music Impairs Visual Associative Memory Performance in Older Adults. The Gerontologist, 2015; DOI: 10.1093.


 

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