Pneumothorax chez un Instrumentiste à vent (musicien)

Bénéfices et inconvénients de la chirurgie chez un musicien
Le risque principal du pneumothorax est la récidive, survenant dans 20 à 40 % des cas. L'indication chirurgicale peut ainsi se poser. Cette question se pose chez un instrumentiste à vent de la famille des bois, un saxophoniste.

Question

Instrumentiste à vent, je sors de l’hôpital après 2 jours de traitement d’un pneumothorax. J’ai été drainé, les radiographies montrent aujourd’hui que mon poumon droit est revenu en place. Les médecins ont évoqué la possibilité maintenant d’une opération pour coller la plèvre et le poumon.
Monsieur Gérald. M. ?

Réponse

Le problème le plus gênant induit par le pneumothorax est celui de la récidive. Le pneumothorax est la conséquence de la rupture d’une petite bulle située dans le tissu pulmonaire, à proximité de la plèvre. Nous en avons tous quelques unes mais tant qu’elles sont dans la profondeur du poumon, cela ne pose aucune difficulté. On ne peut pas prédire ni SI, ni QUAND une bulle peut se rompre. Par contre, la pratique régulière du saxophone crée un risque de récidive à cause de la surpression intra-thoracique induite par le jeu.

Pneumothorax spontané
1. Plèvre cervicale ; 2. Cavité pleurale ; 3. Plèvre costale ;
4. Plèvre médiastinale ; 5. Poumon ; 6. Plèvre viscérale ;
7. Cavité pleurale ; 8. Plèvre viscérale ;
9. Poumon collabé après un pneumothorax ; 10. Plèvre pariétale ; 11. Médiastin

L’opération dont on vous a parlé consiste à introduire dans la cavité pleurale une « poudre » légèrement irritante pour la plèvre qui va provoquer un accolement des deux feuillets et empêcher ainsi la récidive du pneumothorax. Cette intervention que l’on peut qualifier de bénigne, mais tout acte médical comporte un risque, aussi faible soit-il. La décision doit être prise en tenant compte de tout. Pratiquer une symphyse (accolement) pleural peut se décider après un pneumothorax si celui-ci a été violent ou si le scanner prouve l’existence de bulles sous pleurales suffisantes pour affirmer le risque de récidive, ou si, comme pour vous, la pratique professionnelle provoque un risque.
Les conséquences fonctionnelles de cette opération sont discrètes, surtout si l’activité physique (modérée mais régulière) est maintenue dans les suites de l’acte chirurgical.
Les conséquences de l’intervention sont discrètes, elles sont du domaine physiologique (j’ai dirigé pendant quinze ans un laboratoire de physiologie cardio-respiratoire de l’effort). La présence d’une cicatrice, même fine, entourant le poumon est une sécurité pour limiter le risque de récidive de pneumothorax. C’est aussi une limitation aux mouvements normaux d’ampliation du thorax. Il est donc normal de prévoir une légère diminution des volumes disponibles ( - 5, - 10 %) mais cette diminution n’est pas certaine et trop faible pour entraîner une gène respiratoire ou même professionnelle pour vous. D’où l’intérêt d’avoir une activité physique régulière de type endurance modérée pour oblige le thorax à avoir une mobilisation idéale limitant les conséquences des cicatrices (marche soutenue, natation, vélo…)

Question complémentaire

J’ai passé des examens de contrôle suite au pneumothorax il y a une quinzaine de jours. La radiographie de contrôle que j’ai eue une semaine après le pneumothorax s’est avérée rassurante : le poumon a parfaitement repris sa place. J’ai tout de même passé un scanner, pour avoir plus d’éléments concernant l’opportunité d’une opération. D’après le radiologue, tout est normal. Il n’a pas de repéré de bulles.

Réponse complémentaire

Je suis ravi de voir que le scanner n’a pas trouvé de lésion d’emphysème, ce qui est très rassurant, et à l’appui du diagnostic de pneumothorax spontané, survenu au repos, même si, logiquement, on ne peut pas totalement éliminer le facteur professionnel comme cause favorisante.
Le scanner aurait montré des bulles, même minimes, je vous aurais dit d’envisager l’intervention. L’absence de lésion visible vous remet dans un risque de pneumothorax équivalent à celui de « Monsieur tout le monde », il existe c’est certain, mais reste faible.
Reprenez donc votre pratique de façon progressive, en évitant dans les premières semaines les morceaux très exigeants sur le plan de la pression fournie.

Pneumothorax spontané, note complémentaire
(anglais spontaneous pneumothorax).
Le pneumothorax spontané est lié à l’ouverture d’une lésion parenchymateuse sous-pleurale, survenant en dehors de tout traumatisme ou de toute manœuvre instrumentale (termes pris dans un sens médico-chirurgical, pas musical). Il s’agit d’un pneumothorax survenant sur des poumons considérés comme étant antérieurement sains.
L’incidence du pneumothorax spontané est de 8 à 18 cas pour 100000 par an chez les hommes et de 2 à 6 cas par an pour les femmes.
Il s’agit d’un pneumothorax dit idiopathique, c’est-à-dire survenant sans cause apparente. Généralement les pneumothorax spontanés surviennent chez des sujets jeunes (entre 15 et 40 ans), relativement grands, longilignes. Il est à noter que le tabac est un facteur favorisant.
Le pneumothorax du "jeune conscrit qui joue du clairon" a été décrit dès le début du XIXe siècle. La revue Médecine des Arts a décrit plus récemment le pneumothorax spontané chez l’instrumentiste à vent.
Voir Pathologie des instrumentistes à vent

Rédacteur Médecine des arts®, Docteur François Ceugniet, pneumologue.
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