Petite histoire de l'anatomie.Leçon 3

Avant Vésale

L’époque préhellénique
 L’antiquité préhellénique ne nous a guère laissé d’informations sur les connaissances anatomiques des anciens (Egyptiens, Mésopotamiens, Hébreux, etc.). Il est vraisemblable que les embaumeurs égyptiens avaient quelques connaissances anatomiques élémentaires, comme le montrent le papyrus Edwin Smith (III° millénaire avant Jésus-Christ), relatif à l’anatomie de la tête et du cerveau, et le papyrus Ebers (II° millénaire avant Jésus-Christ). Quant aux Mésopotamiens, nous avons quelques indications sur leurs connaissances splanchnologiques, dans la mesure où ils étudiaient les viscères des animaux afin d’y lire l’avenir. Mais toutes ces connaissances sont extrêmement vagues et d’un intérêt purement anecdotique.

L’époque hellénique

Hippocrate

Ce sont surtout les médecins et les philosophes qui ont essayé de pratiquer l’anatomie. Leurs connaissances étaient extrêmement rudimentaires. Le médecin grec Hippocrate (naissance vers 460 et mort vers 377 avant Jésus-Christ) a laissé quelques écrits sur l’anatomie (dont l’origine est d’ailleurs douteuse). Il semble qu’il n’ait jamais disséqué de cadavre humain. Le philosopheAristote (348-322 avant Jésus-Christ) est le créateur de l’anatomie comparée, et sans doute le premier savant à avoir pris conscience de l’unité du monde vivant. Il n’a cependant pas pratiqué de dissection. Signalons qu’Hippocrate et Aristote croyaient tous deux que le cœur était le siège de l’intelligence.
La génération qui suivit Aristote, au III° siècle avant Jésus-Christ, est illustrée par Hérophile, qui fut l’un des fondateurs de l’École d’Alexandrie et le véritable créateur de l’anatomie. Nous savons qu’il vécut aux alentours de l’an 300 avant Jésus-Christ. Hérophile fut le premier à pratiquer la dissection du cerveau, qu’il reconnut comme le centre du système nerveux et le siège de la vie psychique et intellective. Il fit la distinction entre nerfs moteurs et nerfs sensoriels, montra que les artères (y compris l’artère aorte) contenaient du sang et non pas de l’air, décrivit les vaisseaux chylifères et les différentes parties de l’œil, du foie et d’autres organes. Il décrivit et donna son nom au duodénum. Malheureusement son ouvrage. De l’Anatomie, a été perdu, et il fallut attendre le XVI° et le XVII° siècle pour redécouvrir les connaissances que possédait Hérophile. Éristrate fut un contemporain d’Hérophile. Il est le père d’une théorie selon laquelle les artères contenaient une sorte d’air qu’il appelait le souffle vital. Il a été le premier à découvrir que les veines et les artères avaient toutes comme point de départ ou comme point d’arrivée le cœur, et non pas le foie comme on le croyait en son temps. Il décrivit les valves cardiaques et nomma, en particulier, la valvule tricuspide.

L’époque helléniste et romaine
Elle fut dominée par l’œuvre d’un médecin grec né à Pergame, Claude Galien(Galênos ou, en latin, Galenus ; né vers 131 et mort vers 201 avant Jésus-Christ). Il pratiqua à Rome où il eut comme clients des empereurs et des consuls. De l’ensemble de son œuvre, il subsiste, en particulier, 59 livres sur l’anatomie dans lesquels cette science a d’ailleurs une place secondaire par rapport à ce qui intéressait au plus haut point Galien, à savoir la glorification de lui-même. L’anatomie de Galien est très inférieure à celle de ses prédécesseurs : sa nomenclature est incertaine et les idées a priori abondent, en particulier qu’il existait trois « esprits » (purement imaginaires) : l’esprit naturel (dans le foie), l’esprit vital (dans le cœur), et l’esprit animal (dans le cerveau). Selon Galien, ces esprits circulaient à travers les veines, les artères et les nerfs et assuraient la régulation générale des fonctions de l’organisme. D’autre part, Galien était unfinaliste, c’est-à-dire qu’il pensait que chaque organe avait été conçu pour être parfaitement adapté à une certaine fin. Au crédit de Galien, on peut mettre son rôle de compilateur et de rassembleur de l’ensemble des découvertes de l’anatomie grecque. Mais l’autorité dont il a joui pendant le Moyen Age chrétien a contribué à maintenir un ensemble d’idées fausses qui ne sont véritablement épurées qu’à partir du XVI°siècle.

L’époque du Moyen Age
Au Moyen Age, l’anatomie n’a pratiquement pas évolué. L’apport essentiel fut celui des Iraniens et des Arabes qui avaient étudié la science grecque dans des traductions commentées. Les grands médecins musulmans qui s’occupèrent d’anatomie furent : l’Arabe Al-Rhasi (Rhâzes, né à Ravy, né vers 860 et mort vers 963) et surtout le philosophe et médecin iranien Avicenne (Abu Ali al-Husayn Ibn Sina, né à Afshana en 980 ; mort à Hamadhan en 1037). Avicenne est l’auteur du fameux Canon de la médecine (publié vers l’an 1000 ; traduit en latin dès 1187 par Gérard de Crémone, et enseigné dans les facultés européennes jusqu’au milieu du XVII° siècle). Dans cet ouvrage, Avicenne a recueilli de nombreuses observations anatomiques, portant essentiellement sur les animaux.

 

Dans l’ensemble, l’enseignement scolastique repose sur l’autorité de Galien et d’Aristote. Les recherches individuelles sont interdites, ainsi que la dissection, qui était un crime sévèrement puni, jusqu’à ce qu’un empereur Frédéric II (en 1215) et le pape Boniface VIII (en 1300) l’autorisent dans des conditions exceptionnelles. Apprendre de l’anatomie consistait donc à apprendre, plus ou moins par cœur, les textes de Galien. Quand une dissection avait lieu (on employait en général les cadavres des suppliciés), le professeur, assis sur un siège élevé, lisait une traduction latine de Galien pendant que les assistants exécutaient la dissection. En 1315, l’Italien Mondino dei Luicci (Mundinus, né en 1270 et mort en 1326) disséqua deux cadavres à Bologne, en présence de ses étudiants ; il publia en 1316 un petit manuel de dissection intitulé Anathomia.

 

Il n’y eut pas que des médecins à s’intéresser aux dissections. Les artistes de la Renaissance italienne, qui cherchaient à représenter le corps humain avec la plus grande vérité, se sont eux aussi penchés sur l’anatomie. Léonard de Vinci, Michel Ange,Raphaël ont pratiqué des dissections. En particulier, Léonard de Vinci fut le premier à étudier quantitativement les muscles (en les mesurant). Il fit une trentaine de dissections (en général, des autopsies demandées par la cour de justice) et réalisa plus de 750 dessins d’anatomie.

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Diplôme Médecine des arts-musique